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Siegmund.
(il l’étreint avec une douce énergie)
- Arrête-toi !
- Demeure, femme chérie !
- Aux douces ivresses,
- pâle soudain,
- en hâte folle,
- prompte, tu fuis !
- à peine je suis ta course :
- par bois et prés,
- par ravins et rocs,
- sombre, muette,
- toi, tu fuyais,
- [1] toujours sourde à ma voix.
(Elle regarde devant elle avec des yeux farouches.)
- Reste en repos :
- parle à l’aimé !
- Romps ce silence affreux !
- Vois, ton frère
- tient sa fiancée :
- Siegmund est tout à toi !
(Il l’a conduite insensiblement jusqu’au piège que forme le rocher.)
Sieglinde.
(regarde Siegmund dans les yeux avec une extase croissante ; puis elle l’enlace passionnément de ses bras. A la fin elle sursaute de terreur, tandis que Siegmund l’étreint avec force)
- Va-t-en ! Va-t-en !
- Laisse l’indigne !
- Vile et profanée
- je t’enlace !
- flétrie, infâme,
- telle est ma chair :
- fuis ce cadavre,
- fuis loin de lui !
- qu’aux vents roule ce corps,
- qui vil au héros s’est donné ! — —
- Quand plein d’amour il me prit,
- quand j’eus les suprêmes joies,
- ↑ Var. : nul cri qui te retint !