Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/178

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–––––––––––Adieu, Siegmund,
–––––––––––noble héros !
–––––––––au combat proche je te retrouve !
Elle s’éloigne en courant, et disparaît hors de la scène avec son cheval, à droite, dans une gorge latérale. Siegmund la suit d’un regard joyeux et enthousiasmé.




La scène s’est obscurcie peu à peu ; de lourdes nuées d’orage descendent vers le fond de la scène, finissent par envelopper complètement les murailles rocheuses, la gorge et l’arête élevée. De tous côtés, on entend venir de lointains appels de trompes, qui se rapprochent graduellement pendant ce qui suit.
Siegmund.
(se penchant sur Sieglinde)
–––––––––––Charme fort,
–––––––––––un doux sommeil
–––––––––endort ses maux amers : —
–––––––––quand la Walküre vint vers moi,
–––––––––a-t-elle béni son repos ?
–––––––––L’heure du sombre combat
–––––––––de crainte l’aurait accablée !
–––––––––––Pâle et froide
–––––––––––elle vit pourtant :[1]
–––––––––––ses maux sont bercés
–––––––––––d’un songe souriant.
(Nouveaux appels de trompes au loin.)
–––––––––––Demeure endormie,
–––––––––––jusqu’après la lutte,
–––––––––quand la paix te va charmer !
(Il la place doucement sur le siège de rochers, l’embrasse au front, et la quitte enfin, ayant entendu de nouveaux appels de trompe.)
–––––––––––Qui j’entends là,
–––––––––––vienne à présent !
–––––––––––car son salaire
–––––––––––est tout prêt :
–––––––––Nothung[2] va le payer !
(Il se hâte vers le fond du théâtre, et disparaît aussitôt sur l’arête de rochers, dans un sombre nuage orageux.)
Sieglinde.
(rêvant)
–––––––––Oh ! si le père rentrait !
–––––––––Mon frère est aux bois avec lui.
–––––––––––Mère ! Mère !
  1. Var. : Morte aux yeux, elle vit pourtant :
  2. Var. : « Presse ».