Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/180

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–––––––––––mais viens toi-même,
–––––––––sans quoi son aide te trahit !
–––––––––––Car vois : dans le frêne
–––––––––––fort du logis,
–––––––––j’ai pris sans peur cette épée ;
–––––––––à sa lame goûte à présent !
Un éclair illumine un instant l’arête rocheuse, sur laquelle on distingue maintenant Hunding et Siegmund aux prises.
Sieglinde.
(de toutes ses forces)
–––––––––––Arrêtez, barbares !
–––––––––––Ah ! tuez-moi !
Elle s’élance vers l’arête de rochers ; de la droite, une vive lueur jaillit sur les combattants, et si brusquement l’éblouit qu’elle chancelle comme aveuglée. Dans cette clarté, on voit apparaître Brünnhilde planant au-dessus de Siegmund et le protégeant avec son bouclier.
La voix de Brünnhilde.
–––––––––––Frappe, Siegmund !
–––––––––––Crois à l’épée !
Au moment où Siegmund porte à Hunding un coup qui doit être mortel, une lueur rouge déchire à gauche le nuage ; Wotan apparaît dans cette lueur, debout au-dessus de Hunding, et opposant la lance au glaive de Siegmund.
La voix de Wotan.
–––––––––––Tout cède à ma lance !
–––––––––––En pièces l’épée :
Brünnhilde, saisie de terreur, a reculé devant Wotan ; le glaive de Siegmund se brise sur la lance divine qui lui a été opposée ; Hunding enfonce son arme dans la poitrine de son ennemi sans défense. Siegmund mort sur le sol — Sieglinde, qui a entendu son râle, s’affaisse elle-même avec un cri, comme morte.


En même temps que tombait Siegmund, la lueur s’est éteinte des deux côtés ; d’épaisses ténèbres obscurcissent les nuages jusque vers le devant de la scène ; on y aperçoit néanmoins confusément Brünnhilde, se dirigeant avec une hâte éperdue vers Sieglinde.
Brünnhilde.
–––––––––En selle ! que je te sauve !
Elle hisse vivement Sieglinde, auprès d’elle, sur son cheval tout proche de la gorge latérale, et disparaît aussitôt avec elle.