Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/198

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Wotan.
–––––––––––N’est-ce donc pas clair,
–––––––––––ce que j’ai dit ?
–––––––––––De votre groupe
–––––––––la sœur infidèle est chassée ;
–––––––––––et son cheval
–––––––––ne doit plus se cabrer près des vôtres ;
–––––––––––sa fleur virginale
–––––––––––se fane et meurt ;
–––––––––––l’époux va régner
–––––––––––sur ce corps de douceur ;
–––––––––––à l’Homme, son maître,
–––––––––––sa vie appartient ;
–––––––––assise elle file au foyer,
–––––––––condamnée au mépris de tous !
(Brünnhilde s’affaisse sur le sol, avec un cri, aux pieds de Wotan ; les Walkyries font un mouvement de désespoir.)
–––––––––––Tremblez-vous pas ?
–––––––––––Quittez la maudite !
–––––––––––Et pour jamais
–––––––––––fuyez loin d’ici !
–––––––––––Car si quelqu’une
–––––––––––près d’elle reste,
–––––––––––et me provoque
–––––––––––en prenant son parti —
–––––––––la folle aura le même sort :
–––––––––j’annonce à l’orgueil cela ! —[1]
–––––––––––Loin de ce roc !

vloin de ces crimes !

–––––––––Promptes, prenez votre course,
–––––––––le malheur veille en ce lieu !
(Les Walkyries se dispersent avec un sauvage cri de douleur, et se précipitent, en leur fuite rapide, dans la forêt de sapins : bientôt on les entend s’éloigner sur leurs chevaux, comme dans une tempête. Pendant ce qui suit, l’orage s’apaise peu à peu ; les nuages se dissipent ; dans le ciel calme commence le crépuscule du soir, et finalement la nuit.)
Wotan et Brünnhilde, celle-ci encore gisante, étendue aux pieds de son père, sont seuls restés sur la scène. Long et solennel silence : les positions respectives de Wotan et de Brünnhilde demeurent sans changement.

  1. Var. : je traite l’orgueil ainsi !