Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du fourré sortit un ours,
l’oreille au guet, tout grognant.
Il m’a plu
mieux, certes, que toi.
Pourtant, je veux mieux encor !
De ce dur lien
par moi muselé,
il vint s’enquérir de mon glaive.

(Mime prend l’épée pour la tendre à Siegfried.)
Mime.

J’ai fait ce glaive aigu ;
de son fil tu vas être fier.

(Il tend l’arme à Siegfried avec inquiétude. Siegfried la saisit d’un mouvement brusque.)
Siegfried.

C’est peu que le fil reluise
si l’acier n’est dur et fort !

(Essayant la lame)

Hé ! qu’est ce vil jouet d’enfant !
Un tel fétu
est il un glaive ?

(Il frappe l’enclume d’un coup d’épée. L’épée se brise en éclats Mime recule, effrayé.)
Siegfried.

Attrape les pièces,
drôle stupide !
Sur ton museau
j’aurais dû le rompre.

Sot fanfaron,
croit-il qu’il me berne ?
C’est de géants qu’il me parle,
et de luttes, d’exploits superbes,
de rudes combats.
Il veut forger glaives, fortes armes,
vante son art,