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Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/225

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se dit sans rival ;
mais, si j’empoigne
ce qu’il m’apporte,
du premier coup
ça vole en éclats !
Si je n’avais
dégoût de ce gueux,
dans sa forge
il cuirait avec ses hochets,
stupide nain décrépit !
Ma rage du coup finirait !

(Siegfried en fureur s’assied sur un bloc de pierre. Mime se tient toujours prudemment à distance.)
Mime.

Tu cries encor comme un fou :
Ton cœur est trop ingrat.
Si le méchant garçon
n’est servi sur l’heure au mieux,
tous mes bienfaits passés
ne comptent plus pour lui.

N’as-tu donc plus mémoire
de tous mes bons préceptes ?
Tu dois savoir te soumettre
à qui de biens t’a comblé.

(Siegfried regarde du côté du mur et tourne le dos à Mime)

Voici qu’encor tu me boudes !

(Un moment indécis, Mime vient, enfin, vers le foyer)

Pourtant, veux-tu manger ?
La viande sort de la broche.
Veux-tu au bouillon goûter ?
Pour toi seul je l’ai fait.

Siegfried.

Seul j’ai cuit mon rôti :
De ta soupe mange seul !

(Mime offre les mets à Siegfried qui, sans se retourner, d’un geste brusque, fait rouler à terre la marmite et la viande.)