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Mime
(d’une voix pleurarde)

C’est d’un tendre amour
le triste prix !
C’est l’affreux paiement de mes soins !

Marmot vagissant,
Je t’élevai,
chauffant de langes
l’enfant chétif.
Mets et boisson
je t’ai fourni
et mieux gardé
que ma propre peau,
Puis, lorsque vint l’âge,
je t’ai couvé,
dressant ton lit
pour un doux repos.
J’ai fait tes hochets
et ton cor vibrant ;
pour t’amuser,
je m’efforçais.
Mon fin savoir
te put rendre fin ;
mon sage avis
ouvrit ton esprit.
Suis-je au logis,
forgeant, suant,
à cœur-joie tu cours où tu veux.
Pour toi seul en peine,
pensant à toi seul,
je m’use et vieillis,
moi, pauvre nain !
Et, pour mes peines,
en guise de prix,
le terrible garçon
me tourmente, me hait !

(Siegfried s’est, de nouveau, tourné vers Mime et il le regarde tranquillement. Mime, rencontrant son regard, cherche à s’y dérober, avec crainte.)