Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/230

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Siegfried.

Tu mens, horrible hibou !
Que les jeunes aux vieux ressemblent,
cela je l’ai su très bien voir.
J’allai jusqu’au clair ruisseau,
voir les arbres, les bêtes
que l’eau reflète.
Astre, nuages,
tous, tels qu’ils sont,
dans l’onde parurent de même.
Je vis à son tour
mon propre aspect.
Tout autre que toi
je me suis vu.
Tel est au crapaud
le poisson argenté.
Poisson de crapaud ne peut naître !

Mime.

Affreux non-sens
que tous ces propos !

Siegfried
(en s’animant).

Juste, je crois comprendre enfin
ce que j’ai cherché si longtemps :
lorsqu’au bois je cours,
pour fuir ta présence,
ce que j’ai pour revenir ?

(Il s’avance brusquement)

De toi il faut que j’apprenne
pour père et pour mère qui j’ai !

Mime.

Ton père ! Ta mère !
Sottes demandes !

(Siegfried se jette sur Mime et le prend à la gorge.)