Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/231

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Siegfried.

Faut-il te contraindre
à me répondre ?
Rien, rien à tenir de ton gré ![1]
Qu’ai-je eu de toi
sinon par force ?
S’il m’apprit son langage,
c’est qu’il y fut contraint rudement.
Allons, vite, drôle hideux !
Nomme mon père et ma mère.

(Mime fait signe de la tête et des mains qu’il va obéir. Siegfried le laisse.)
Mime.

Tu vas me faire mourir !
Assez ! C’est savoir qu’il te faut ;
Eh ! sache tout comme moi !...
Ingrat, cœur dur, méchant enfant,
apprends pourquoi tu m’exècres !
Mime n’est père ou cousin pour toi.
A moi cependant tu dois tout.
Tu m’es étranger
et n’as d’autre ami.
Par pitié seulement,
moi, je te pris :
j’en ai l’aimable paiement !
Qu’attendais-je, simple, pour prix ?
En pleurs, faible, une femme
au bois ténébreux gisait.
Vers l’antre, alors, je l’aidai,
jusqu’au foyer qui réchauffe.
D’un fils elle était grosse
qui vint au monde ici.
Cruel était son mal ;
je fis pour elle au mieux.
Jour plein d’horreur !
Elle meurt ; mais Siegfried voit le jour.

  1. Var. : Pas l’ombre d’un bon mouvement