Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/244

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Clous, soudures,
rien n’aboutit !

(Il jette ses outils pêle-mêle et laisse déborder son désespoir.)

L’adroit forgeron
reste en défaut.
Qui peut le forger,
moi m’y perdant ?
Le grand secret, où l’apprendre ?

(Le Voyageur s’est levé avec sérénité.)
Le Voyageur.

Trois fois j’eus tes demandes ;
trois fois j’ai bien parlé.
D’anciennes choses tu t’enquis.
Ce qui de près sert ton plan,
tout l’utile, tu l’oublias.
Quand je l’indique,
tu perds l’esprit.
A moi ta tête
de gnome rusé.
Mais, fier vainqueur de Fafner,
sache, débile nain :
« Seul qui de crainte n’est instruit
peut forger l’Epée ! »

(Mime regarde avec stupeur le Voyageur sur le point de partir.)

Ton sage front,
Veilles-y bien !
Je l’offre à celui-là
qui de crainte n’est instruit !

(Le Voyageur se détourne en riant et disparaît rapidement dans la forêt. Mime, comme écrasé, s’affaisse sur son escabeau.)

Scène III.

(Mime regarde droit devant lui la forêt illumine de soleil et, soudain, se met à trembler convulsivement.)
Mime.

Clarté maudite !
Quel feu dans les airs ?