Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/246

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Dis, que forges-tu là ?
Ai-je, enfin, mon épée ?

(Mime apparaît troublé, confus).
Mime.

L’épée ? L’épée ?
Qu’y puis-je faire ?

(presque à part.)

« Seul qui de crainte n’est instruit
peut forger l’Epée ».
J’en sais trop long
pour pareil travail.

Siegfried
(violemment).

Vas-tu répondre ?
Parle, ou j’avise.

Mime
(comme plus haut).

Où prendre justes conseils ?
Ma sage tête fut mise en gage.

(Regardant fixement).

Sa perte me livre à celui
« qui de crainte n’est instruit. »

Siegfried
(impatienté).

Quelles fadaises !
Penses-tu fuir ?

Mime
(se ressaisissant par degrés).

Bien sûr, l’on fuit
qui sait la peur !
Mais quoi ! C’est un savoir qu’il ignore.
En sot, j’oubliai mon seul vrai bien !
Lorsqu’à m’aimer, je l’exhorte
cela tourne hélas ! si mal !
Pourrai-je à la peur le plier ?