Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/248

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Aux embûches de tous
je dois te soustraire
avant que tu saches la peur.

Siegfried
(vivement).

Si c’est un art,
que l’ai-je ignoré ?
Eh bien ! Qu’est donc cette crainte ?

Mime.

N’as-tu senti
aux bois obscurs,
quand meurt le jour
aux noirs halliers
ce qui murmure,
souffle, vibre,
et, sinistre,
vient grondant ?
Folles flammes
sur toi volent ;
voix qui s’enflent
te font appel. —

(Tremblant.)

Lors n’as-tu pas senti
frémir en ton corps l’épouvante ;
d’âpres selousses
rompre tes membres ;

(d’une voix étouffée)

dans ton sein
qui tremble, séné,
se fendre et battre ton cœur ?
Si tu ne l’as senti,
l’effroi te reste inconnu.

Siegfried
(réfléchissant).

Quel effet drôle
ça doit faire !
Ferme et fort
bat, tranquille, mon cœur.