Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/250

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Siegfried.

Vite à la forge !
Montre ton art !

Mime.

Maudit acier !
Souder ses deux parts, pas moyen !
Rebelle, un charme
déçoit tout effort de nain.
Qui de crainte est exempt,
lui seul est maître du but !

Siegfried.

Quelle feinte arrange ce fourbe !
Loin d’avouer qu’il n’est bon à rien,
il ment pour sortir d’embarras !
Donne les pièces !
Foin de ce drôle !

(Il vient près du foyer.)

L’acier du père
doit m’obéir.
Je vais faire l’Epée !

(Il jette en désordre les outils de Mime et s’apprête pour le travail.)
Mime.

Que n’as-tu mis à l’art tes soins !
Pour toi quel grand avantage !
Mais non, tu fus toujours paresseux :
Peux-tu t’attendre à bien faire ?

Siegfried.

Où le maître se perd
que peut son élève,
s’il a toujours obéi ?

(Il lui fait un pied de nez.)

Or ça, va-t’en !
Reste à l’écart —
Sans quoi tu vas choir dans l’âtre !

(Il entasse le charbon dans le forger, anime le feu, serre dans l’étau les deux tronçons de glaive et commence à les réduire en poussière en les limant.)