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Mime
(assis à l’écart et regardant Siegfried à sa tâche).

Que grattes-tu là ?
Prends la soudure ;
l’étain est tout fondu.

Siegfried.

Laisse l’étain !
C’est peu pour moi.
Sans colle on cuit les épées !

Mime.

Tu détruis la lime,
tu romps sa râpe.
Tu crois que l’acier se lime ?

Siegfried.

Je veux en poudre
broyer les tronçons,
qu’ils ne fassent plus qu’un seul fer !

(Il lime avec fureur).
Mime
(à part).

Aucune adresse,
j’y vois bien clair :
sottise seule
seconde le sot.
Quel mouvement !
La forte ardeur !
Il use l’acier sans être lassé !

(Siegfried a excité le feu qui jette de vives lueurs.)

Je suis aussi vieux
que bois et rocs
et n’ai rien vu de pareil !

(Pendant que Siegfried continue à limer obstinément. Mime s’assied encore plus loin, très à l’écart).

Il arrive au but,
rien n’est plus sûr…
Sans peur va son travail.