Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/266

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Le Voyageur
(éclatant de rire).

Vois, Alberich ! Effort vain !
A moi ne t’en prends pas.
De cette règle
fais ton profit :

(s’approchant de lui comme pour une confidence)

Toute chose suit sa loi :
Ces lois, nul ne les change.
Je quitte la place ;
Restes y bien.
Raisonne Mime, ton frère.
Ta ruse le peut mieux convaincre.

(S’apprêtant à partir.)

Le reste, enfin,
toi-même apprends le.

(Le Voyageur s’enfonce rapidement dans la foret. Un vent violent s’élève et une vive lumière brille ; mais, presque aussitôt, tout a disparu.)
Alberich
(après avoir longtemps suivi le Voyageur d’un regard irrité).

Il presse, là bas,
son clair coursier,
Et moi, tourmenté, j’ai peur.
Or, vous, riez,
parmi vos plaisirs,
o folles
puissances divines !
Dieux, tous,
Vous mourrez sous mes yeux.
Aussi longtemps que l’or luira
Moi, je sais et j’attends !
Ruine vous vient par moi !

(Alberich se cache de côté, dans une infractuosité du roc. La scène reste vide.)
(Le crépuscule du matin commence.)