Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/269

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Mime.

Mais oui, Siegfried,
il l’a tout comme eux.
Eh bien ! Te prend-elle, la peur ?

Siegfried
(se relevant vivement d’aleongé qu’il était saus le tilleul).

Nothung va s’enfoncer
dans ce cœur.
C’est-il de la peur l’indice ?
Hé ! Vieux gnome,
de ta ruse
que puis-je encore apprendre ici ?
Va ton chemin bien vite.
La crainte point ne saurai.

Mime.

Sois moins pressé.
Pour toi le monstre
n’est qu’une histoire en l’air.
Lui-même, là,
bientôt le voyant,
pour sûr, tu vas perdre l’esprit.
Ton regard s’éteint ;
ta jambe fléchit ;
l’angoisse horrible
au cœur t’étreint.

(D’un ton paterne.)

Soudain, tu penses à Mime,
ton guide, qui t’aime tant.

Siegfried
(avec un sursaut de colère),

Défense qu’on m’aime !
N’est-ce donc clair ?
Loin de mes yeux va t’en ;
laisse-moi seul.
Colère me gonfle le cœur[1]

  1. Var. : je ne suis plus maître de moi.