Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/28

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Avec des efforts désespérés il se met en chasse : il escalade les rocs avec une effrayante agilité, bondissant de récif en récif, essayant de saisir les Filles, tantôt l’une, tantôt l’autre ; mais elles lui échappent toujours, jetant des éclats de rire moqueurs ; il chancelle, se rue dans les profondeurs, grimpe de nouveau en toute hâte sur les rochers élevés, — jusqu’à ce qu’il perde finalement patience : écumant de rage, il s’arrête, et menace les Ondines de son poing fermé.

Alberich.

(presque hors de lui).

––––––––––Qu’une me tombe en main !

Il reste ainsi, en proie à une rage muette, le regard levé vers les hauteurs, où, pendant tout ce qui suit, ce regard va se trouver sans cesse attiré et comme enchaîné.

D’en haut, à travers les ondes, une clarté de plus en plus vive a pénétré ; cette clarté allume maintenant, en un point élevé du récif central, un éclat d’or rayonnant et éblouissant : une magique lumière d’or s’irradie de ce point dans l’étendue des eaux.

Woglinde.
––––––––––Sœurs, l’aube !
–––––––L’éveilleuse sourit dans l’abîme.
Wellgunde.
––––––––––Par les vertes eaux
–––––––son rire salue le Dormeur.
Flosshilde.
––––––––––Vite elle l’embrasse
––––––––––pour qu’il s’éveille.
Wellgunde.
––––––––––Vois, il vibre
––––––––––d’un vif rayon.
Woglinde.
––––––––––Dans la vague au loin
–––––––luit son astre éclatant.
Toutes trois.

(ensemble, et nageant, gracieuses, autour du récif).

––––––––––Heiaïaheia !
––––––––––Heiaïaheia !
–––––––Wallalallalala leiaïahei !
––––––––––Rheingold ![1]
––––––––––Rheingold ! [2]
––––––––––Joie et clarté,
–––––––tu brilles et ris si beau !
––––––––––Gloire de feu
  1. Var. : Or pur !
  2. Var. : Or pur !