Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/287

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couper net ton cou !

(Comme s’il ne pensait à rien qu’au bien-être de Siegfried.)

Si, même, pour toi
j’étais sans fiel,
et si tes mépris
et mon rôle de traître
moins haut criaient vengeance,
de ma route je devrais, pourtant,
te chasser en hâte.

(D’un ton plaisant.)

Sans quoi comment saisir ta proie ?
Car Alberich la guette aussi.

(Il verse le breuvage dans une corne à boire et l’offre à Siegfried avec insistance.)

Ça, mon Wælsung,
fils de Loup,
bois, absorbe la mort.
C’est ton dernier glou-glou !
Hi ! hi ! hi ! hi-hi-hi…

(Siegfried tire son épée. Dans un mouvement de dégoût, il pousse brusquement la pointe contre Mime, qui tombe mort sur le sol.)
Siegfried.

Goûte à l’épée,
sale vipère ![1]

(Alberich caché dans les rochers fait entendre un rire de moquerie.)
La voix d’Alberich.

Ha-ha-ha-ha-ha-ha…

(Siegfried regarde celui qui gît à terre et, tranquille, remet son épée à sa ceinture.)
Siegfried.

Pour payer
l’envie
j’ai forgé cette lame !

(Il roule le cadavre de Mime vers l’antre et l’y précipite.)

Sous la terre, là,
gis près de l’or.
Ton âpre ruse
pensait le ravir,
qu’il fasse tes chères délices !

  1. Var. : Bavard immonde !