Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/296

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Aveugle, apprends le de moi,
et, calme,
va sans fin dormir !
Cette fin divine
point ne m’effraie.
Mon désir y tend.
Ce qu’en la lutte,
aux maux farouches,
mon cœur brisé résolut,
fier et libre,
mon vouloir s’y complaît !
Si j’ai voué, dans ma rage
au Niblung haineux l’Univers,
au Wælsung sublime
j’ai tout légué désormais.
Moi qui l’ai choisi,
je lui reste inconnu.
Le plus fier jeune homme,
par sa seule force,
conquit du Niblung l’anneau.
Plein d’amour,
libre de haine,
il rend l’anathème
d’Alberich vain :
lui seul reste sans peur !
Notre noble enfant,
Brunnhild, s’éveille
aux tendresses du Fort.
Brunnhild va, sachante,
accomplir l’exploit
rédempteur du monde.
Donc va dormir, toi,
clos ta paupière ;
rêve et vois ma chute.
Mais quoiqu’il survienne
à jeunesse éternelle
cède en joie le dieu.
Au gouffre, Erda,