Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/304

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Ho ! ho ! Ha hei !
J’appelle un bon ami !

(Siegfried embouche son cor et se précipite dans le feu, qui lance peu à peu ses vagues jusqu’à l’avant-scène. Ensuite, l’ardeur des flammes s’atténue. La fumée se change en une vapeur légère, comme éclairée par le soleil du matin.)

Scène III.

(La brume rosée s’évapore par en haut. Bientôt, ou ne voit plus que le ciel clair et bleu, avec le sommet du rocher à présent découvert C’est exactement le décor du troisième acte de la Walkyrie ! — Seuls quelques rougeoiements trahissant les flammes qui persistent dans la vallée. Au premier plan, à l’ombre du grand sapin, est couchée Brunnhild dans son armure étincelante, le casque en tête, son long bouclier couvrant son corps, — profondément endormie. Siegfried, montée par l’autre pente, arrive, au fond, près de la saillie qui borde le sommet du roc. On ne voit, d’abord, que son buste au-dessus de la crête. Il regarde autour de lui, d’un œil surpris.)
Siegfried
(très-doucement).

Paix solitaire
Des monts bienheureux !

(Il gravit complètement la hauteur et contemple la scène avec étonnement. — Il tourne ses regards du côté de la forêt de sapins et avance un peu.)

Qui dort là, calme,
au bois de sapins ?
Un cheval gît
dans un profond sommeil.

(Il s’approche lentement et s’arrête en apercevant Brunnhilde à une courte distance)

Quel vif éclat me frappe ?
Quels riches reflets d’acier ?
Suis-je ébloui
toujours par le feu ?
Quelles armes !
Vais-je y toucher ?

(Il soulève le bouclier et considère Brunnhilde, le visage presque entièrement caché par son casque.)

Ah ! un homme, un guerrier ?
Combien me charment ses traits !
Au front si pur pèse le heaume ?
Mieux vaudrait d’abord l’enlever ?

(Il dénoue soigneusement le heaume et l’enlève du front de la dormeuse. Les longs cheveux de Brunnhild se déroulent. Siegfried en est troublé. Il reste absorbé dans sa contemplation.)