Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/305

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Oh ! c’est beau !
Maints clairs nuages
parent d’écumes.
les flots d’azur du ciel.
Rire et splendeur,
l’éclat du soleil
brille en ces vagues de l’air !…

(Il se penche sur l’endormie.)

Le rythme du souffle
gonfle son sein :
vais-je briser la cuirasse !

(Il cherche à enlever la cuirasse.)

Viens, mon fer,
romps cette armure !

(Siegfried prend son épée et coupe adroitement, des deux côtés, les liens de l’armure. Brunnhilde lui apparaît, dans le charme du vêtement féminin. Il tressaille, surpris, inquiet.)

Ce n’est pas un homme !

(contemplant fixement celle qui dort, avec vive émotion.)

Charme qui brûle
gagne mon cœur…
Trouble embrasé
règne en ma vue.
Tout flotte et tourne
sous mon front !

(oppressé d’angoisse.)

Qui puis-je appeler
qui me seconde ?
Mère ! mère !
entends ma voix !

(il tombe comme défaillant sur la poitrine de Brunnhild. Il se relève en soupirant.)

Comment l’éveiller
pour que ses yeux
sur moi s’ouvrent ?…
— Ses yeux sur moi s’ouvrent ?
Vont-ils m’éblouir, ces yeux ?…
Puis-je affronter ?… subir cet éclat ?…
Tout flotte, et tourne.
et croule en moi !
D’âpres désirs