Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/306

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consument mon être ;
mon cœur qui défaille
trouble ma main !
Serais-je un lâche ?
C’est donc la crainte ?…
O mère ? mère ?
ton fils valeureux !…

(Un silence.)

Paisible, dort une femme
qui va lui apprendre la peur !…
Comment s’enhardir ?
comment oser ?
M’éveillant moi-même
Que ma voix la réveille !

(se rapprochant de nouveau de la dormeuse, il sent redoubler son émotion, et la regarde d’un regard attendri.)
(s’inclinant vers elle davantage :)

Fraîche à mes yeux
sa bouche fleurit…
Quel doux frisson d’effroi
vibre en mon sein !
Ah ! cette haleine !
tendre et tiède senteur !

(comme au désespoir.)

Eveille-toi !
Eveille-toi !
Femme sacrée !

(les yeux fixes sur elle.)

J’appelle en vain !…

(d’une expression plus large et plus puissante.)

Puisons donc la vie
aux fleurs de ses lèvres
quand j’en devrais mourir !

(Il tombe, presque mourant, sur Brunnhild et, les jeux fermés, pose ses lèvres sur les siennes. — Brunnhild ouvre les yeux. — Siegfried se relève et se tient debout devant elle. Brunnhild, lentement, se redresse et se met sur son séant. Avec des gestes solennels, les bras levés, elle salue, la terre et le ciel, joyeuse de les revoir.)
Brunnhilde.

Gloire à l’astre !
Gloire au ciel ![1]

  1. Var. : O lumière ! Cieux brillants !