Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/310

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m’enseigner la frayeur ;
à moi, qu’étreignent
tes chaînes puissantes,
rends le courage oublié !

(Siegfried, profondément ému, jette sur Brunnhilde un regard de désir. — Brunnhilde détourne doucement la tête et ramène ses yeux vers bois de sapins.)
Brunnhilde.

Là bas, c’est Grane,
mon fier cheval.
Joyeux, il pâture,
ayant dormi.
Lui même doit
à Siegfried l’éveil !…

Siegfried
(toujours dans la même attitude).

Des joies de ta bouche
mes yeux se repaissent
Brûlante, une soif
dessèche mes lèvres,
que le don des tiennes l’apaise !

Brunnhilde
(montrant de la main ses armes qu’elle vient d’apercevoir).

Je vois le bouclier,
secours de braves…
Le heaume est ici
qui couvrait mon front.
Sans eux, soudain, me voici.

Siegfried
(ardemment).

Une vierge bénie
transperce mon cœur.
Elle a blessé
mon front de ses coups,
je n’ai bouclier, ni heaume !