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Brunnhilde.

Tienne à tout jamais,
je le suis !

Siegfried.

A tout jamais, dès ce moment !
Prise en mes bras,
étreinte par moi,
cœur contre cœur,
lorsque tout brûle,
feu des regards,
flamme du souffle ardent,
bouche à bouche,
lèvre à lèvre,
à moi te voici,
ainsi que jadis et toujours !
J’ai dompté le souci de savoir
si déjà Brunnhild est à moi.

Brunnhilde.

A toi déjà ?
Calme divin, rugis en tempête !
Chaste clarté, brûle en fournaise !
Science des cieux, tu fuis loin de moi !
Ivre, l’amour te chasse à jamais.
A toi déjà ?
Siegfried ! Siegfried !
Ouvre les yeux !
Mon regard tout en feu
t’aveugle-t-il pas ?
Quand mon bras t’étreint,
t’embrases-tu pas ?
Quand mon sang transporté
vers toi se rue,
ces flammes sauvages,
les sens-tu pas ?
Crains-tu pas, Siegfried,
crains-tu donc pas
la folle femme en furie ?

(elle l’enlace avec passion.)