Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Siegfried.

Ah ! — Quand le sang
bouillonne et s’embrase,
quand les yeux en feu
se dévorent,
quand les bras
brûlent d’étreindre,
en moi renaît ma fière ardeur
et la crainte, ah ! que jamais je n’ai sue,
la crainte ! Je crois, moi simple,
l’avoir oubliée !

(Sur ces derniers mots, sans y prendre garde, il a laissé Brunnhilde.)
Brunnhilde
(riant d’une joie sauvage).

Oh ! jeune héros,
enfant magnifique !
D’exploits sacrés trésor naïf !
En riant je t’adore,
en riant je m’aveugle,
en riant courons
nous perdre au gouffre ouvert !

Siegfried.

Rire, c’est là ce qu’éveille ta joie !

Brunnhilde.

Péris, Walhall, monde éclatant !
Que tombe en poudre
le fier palais !

Siegfried.

Brunnhilde vit,
Brunnhilde rit !
Gloire au jour
qui, sur notre front, rayonne !
Gloire à l’œil ardent du soleil !
Gloire à l’aube
qui sort de la nuit !