Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/326

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Dans l’ombre fraîche un flot chantait ;
Sages runes y murmuraient :
j’ai dit leur sens sacré.
Un dieu hardi[1]
vint pour boire à ce flot ;
et, perdant un œil,
paya l’éternelle rançon.
Au vieux frêne saint
Wotan prit, lors, un branche ;
son épieu robuste
il l’a formé de ce bois.
Au cours des temps très longs
l’arbre blessé dépérit ;
jaunes, churent les feuilles ;
sec, l’arbre mourut ;
triste, le flot de la source tarit.
Sourds et mornes
furent mes chants.
S’il faut ourdir
loin du frêne désormais,
que ce sapin me serve
à suspendre la corde.
Chante, Sœur ;
la corde à toi !
Sais-tu ce qui vient ?
(La seconde Norne attache la corde qu’on lui a jetée à une pierre saillante, à l’entrée de la grotte.)
2e Norne.
L’ordre saint qui préside aux pactes
fut par Wotan
sur l’épieu gravé :
telle, l’arme tenait le monde.
Un fier héros
rompit d’un coup cet épieu :
ainsi se rompt
des Traités l’auguste faisceau.
  1. Var. : Hardi, un dieu.