Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/344

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Toi dont le regard en feu m’a brûlé
tu baisses les yeux devant moi ?
(Gutrune lève les yeux devant lui, en rougissant).
Siegfried.
(avec élan).
Ah ! belle enfant,
ferme les yeux.
Mon cœur, en mon sein,
flambe à leur feu.
Torrent embrasé, je sens là
que bout et brûle mon sang.
(d’une voix tremblante)
Gunther, quel nom a ta sœur ?
Gunther.
Gutrune.
Siegfried.
Les bonnes Runes,[1]
en son regard puis-je lire ?
(il saisit passionnément la main de Gutrune)
A ton frère je me suis voué.
Trop fier, il s’en défend.
Vas-tu tromper aussi mon vœu
si je me voue à toi ?
(Gutrune rencontre involontairement le regard de Hagen. Elle baisse modestement la tête, laissant voir par son attitude qu’elle ne se juge pas digne de Siegfried, et sort en chancelant. Siegfried, observé par Hagen et Gunther, la regarde sortir d’un œil ébloui.)
N’as-tu, Gunther, de femme ?
Gunther.
Seul suis-je encor
et d’être époux loin de moi fuit l’espoir,
car celle dont j’ai désir
rien ne peut me la gagner.
  1. Le nom de Gutrune a le sens littéral de : „Bonnes Runes”.