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Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/349

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Guntrune.
Siegfried mien !
(Elle rentre, vive et joyeuse. — Siegfried a saisi la rame et fait descendre le courant à la barque. On ne tarde pas à la perdra de vue.)
Hagen.
(assis, immobile, contre un des poteaux de la salle).
Je reste à mon guet,
garde du nef,
pour écarter l’ennemi.
Fils de Gibich, bon est le vent
qui mène à l’épouse, l’époux !
Il tient la barre, le fort héros
pour toi s’offrant au péril.
Sa propre femme
il va te livrer.
Moi, j’attends de lui l’anneau !
Allez, fils libres,
têtes légères,
faites donc voile gaîment !
Qu’on me méprise ;
on va servir
du Niblung le fils !
(Un rideau d’avant scène, qui encadrait le mur du palais, tombe et dérobe le théâtre aux spectateurs.)


Scène III.

(Le rideau se rouvre. — Le sommet du roc des Walkyries, comme au prologue. Brunnhilde est assise à l’entrée de la grotte, et, muette, absorbée dans ses pensées, contemple l’anneau de Siegfried. Toute à la douceur de ses souvenirs, elle le couvre de baisers. Lointains roulements de tonnerre. Brunnhilde lève les yeux ; elle écoute ; elle se reprend à contempler l’anneau. Un éclair éblouissant. Elle écoute encore et scrute des yeux le lointain d’où vient vers le roc une sombre nuée d’orage.)
Brunnhilde.
Un frisson d’autrefois
vient jusqu’à moi du large :
l’espace vibre
au vol d’un coursier ;