Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/351

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pourtant son vœu j’ai rempli.
Sa colère est tombée,
je le sais.
Enfermée en un lourd sommeil
s’il m’enchaîna sur ce roc.
S’il me voua, faible, à l’homme,
au passant venu m’éveiller,
ma prière ardente
toucha son cœur.
Un rouge brasier,
entourant le rocher,
au lâche barra le chemin.
Tel mon bonheur
est sorti de ma peine.
L’insigne héros
me prit pour épouse !
En sa tendresse
brûle et chante mon être.
(Elle embrasse Waltraute d’une effusion que celle-ci, impatiente et craintive, cherche à contenir.)
N’es-tu jalouse de mon sort ?
A mes ivresses veux-tu te joindre,
prendre part à mes joies ?
Waltraute.
(vivement).
Etre complice
d’un délire sans nom !
Un autre plus grave souci
me fait braver la défense.
Brunnhilde.
(commençant à s’apercevoir, enfin, de la farouche surexcitation de Waltraute).
Trouble et peur, font ta misère ?[1]
Donc le père s’irrite toujours ?
Tu crains son courroux qui sévit ?
  1. Var. : chargent ton être ?