Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/403

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Hagen.
––––––––––Sais-tu aussi
––––––––ce qu’ont dit ces corbeaux ?
(Siegfried se lève brusquement et regarde les corbeaux, en tournant le dos à Hagen.)
––––––––––"Frappe !" Tel est leur cri.
(Hagen enfonce son épieu entre les épaules de Siegfried. Gunther et les hommes se précipitent vers le meurtrier. Siegfried élève de ses deux mains son bouclier au-dessus de sa tête pour écraser Hagen. La force l’abandonne ; le bouclier tombe à la renverse et il s’abat sur le bouclier.)
Des Guerriers
(qui ont vainement cherché à retenir Hagen).
–––––––––Hagen ! que fais-tu ?
––––––––Hagen ! qu’as-tu donc fait ?
Hagen.
(désignant Siegfried).
–––––––––––C’est un traître !
(Hagen s’éloigne lentement. — On le voit gravir la pente escarpée dans le crépuscule qui commence. — Gunther saisi de douleur, se penche sur Siegfried. — Les guerriers, profondément émus, entourent le mourant. Siegfried, soutenu par deux hommes et mis sur son séant, ouvre des yeux qui étincellent.)
Siegfried.
–––––––––––Brunnhilde !
–––––––––––Sainte épouse !
–––––––––––Sois libre !
–––––––––––Vois la lumière.
–––––––––––Qui te fait
––––––––––cet autre sommeil ?
––––––––Quel songe t’angoisse si fort ?
–––––––––––Voici l’éveil.
––––––––––Je baise tes yeux ;
–––––––––encore je romps toutes les chaînes.
––––––––La joie de Brunnhild me rit.
–––––––––––Oh ! ces prunelles
–––––––––––pour toujours vives !
–––––––––––Oh ! cette haleine,
–––––––––––souffle suave !