Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/404

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––––––––––Douce agonie !
––––––––––Chère souffrance !
––––––––Brunnhild vient jusqu’à moi !
(Il s’affaisse et meurt. — Les assistants demeurent immobiles accablés. — La nuit est tombée. — Sur un signe de Gunther, les hommes enlèvent le cadavre, l’emportent et l’escortent en un cortège solennel qui gravit la colline rocheuse et gravement s’éloigne. La clarté lunaire traverse les nuages. Elle éclaire de plus en plus vivement sur la falaise, la funèbre marche. — Des vapeurs s’élèvent du Rhin ; elles couvrent peu à peu la scène entière qui demeure ainsi voilée. — Quand les brumes se sont dissipées, on se retrouve, comme au premier Acte, au palais de Gibich. — Nuit. — Clair de lune sur le Rhin.)

Scène III.

Gutrune.
(sortant de son logis).
––––––––––Etait-ce lui ?
(elle écoute)
––––––––Non ! Il n’est pas rentré.
––––––––––Sombres rêves,
–––––––––tout sommeil me fuit.
––––––––Fauve a henni son cheval ;[1]
––––––––d’un rire Brunnhild’
––––––––m’éveille soudain.
–––––––––Quelle est la femme
–––––––que vers le Rhin j’ai vu marcher ?
––––––––J’ai peur de Brunnhilde !
––––––––––Est elle là ?
(Elle écoute à la porte de droite et crie :)
–––––––––Brunnhild ! Brunnhild !
––––––––––Veilles-tu ?
(Elle ouvre doucement la porte et regarde à l’intérieur.)
––––––––Vide le logis.
–––––––––C’était donc elle
–––––––que vers le Rhin j’ai vu marcher ?
(Elle écoute.)
––––––––––Est-ce son cor ?
––––––––––––Non !… Rien !
––––––––––––L’ombre !…
(Elle regarde au dehors avec anxiété.)
––––––––Vais-je, Siegfried, te voir !
  1. Var. : Grane a henni, hagard ;