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- Toi qui jetas sur lui ces hommes,
- sois maudite d’être ici.
Brunnhilde.
- Pauvre être ! Paix !
- Tu n’eus jamais rang d’épouse.
- Amante d’un jour
- tu lui plus ;
- sa seule épouse, c’est moi,
- et j’eus ses serments pour toujours
- quand Siegfried, toi, t’ignorait.
Gutrune.
(au comble du désespoir).
- Infâme Hagen !
- De toi me vint le philtre
- qui lui ravit son époux.
- Ah ! Larmes !
- Ici j’apprends tout !
- Brunnhilde est l’aimée
- que, par le philtre, il oublia !
(Elle se détourne de Siegfried, honteuse, et se jette, éperdue de douleur sur le corps de Gunther. Elle demeure ainsi sans mouvement jusqu’à la fin. — Hagen est debout, dans une attitude de défi, appuyé sur sa lance et son bouclier et perdu en ses sombres pensées, de l’autre côté de la scène. — Brunnhilde, seule au milieu du théâtre, contemple longuement le visage de Siegfried. Elle s’adresse, ensuite, majestueusement, aux hommes et aux femmes.)
Brunnhilde.
- Qu’un bûcher s’élève, là bas,
- dressé sur le bord du Rhin.
- Haut et clair
- flambe le feu
- où le noble corps
- du brave sublime brûlera !
- Menez-moi son cheval.
- Comme moi qu’il suive le maître !
- Du héros la gloire suprême
- mon propre corps