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- Alberich.
- Ruse impudente !
- dol effronté !
- Quoi, ta fourbe
- m’impute un crime
- dont tous tes vœux s’enivraient ?
- Heureux vol
- que toi-même aurais consommé,
- s’il en coûtait
- moins cher pour forger cet Anneau ?
- Quel grand bonheur,
- ô traître, pour toi,
- que le Niblung, moi,
- étreint de détresse,
- outré de rage,
- j’acquière le charme terrible,
- dont l’œuvre ici te sourit ?
- D’un cœur plein de maux,
- fou d’angoisse,
- l’acte maudit,
- l’acte effrayant,
- au gain du joyau
- doit gaiement te conduire ?
- pour toi, pour ta joie, j’ai maudit ? —
- Garde-toi,
- [1] Dieu souverain !
- Car mon forfait
- fut libre et n’atteint que moi :
- mais à tout ce qui fut,
- est, sera,
- [2] Dieu, attente le tien,
- si toi tu m’arraches l’Anneau !
Wotan.
- Mien, l’Anneau !
- Tes cris n’ont rien dit
- qui prouve ton droit.
(Avec une furieuse violence il arrache au doigt d’Alberich l’Anneau.)