Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/8

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sont pas ses images poétiques qu’on lui demande, mais la pensée, les images de l’auteur qu’il traduit. Il n’est pas le collaborateur de l’œuvre : il n’en est que le serviteur.

2°. Respect du texte musical dans sa forme mélodique — intervalles, valeurs, rythmes, silences — et dans la « ponctuation harmonique » de cette mélodie. Les additions ou suppressions de notes doivent être aussi rares que possible, et ne porter que sur des notes prosodiques, n’altérant ni les dessins mélodiques, ni les rythmes significatifs. Le traducteur doit être fidèle à la musique comme au poème, mais il doit se rappeler que le rapport du texte à la musique, dans l’œuvre de Wagner, est variable ; si donc il doit éviter le plus possible toute altération du texte mélodique vocal, il doit aussi distinguer, d’après cette relation variable des deux moyens d’expression, les points où il ne peut se permettre sous aucun prétexte l’altération la plus légère et ceux où l’addition ou la suppression d’une note, s’il s’y croit obligé, peut se produire sans détruire la valeur des formes musicales, sans même être remarquée de l’auditeur. Quant à la ponctuation harmonique — résolutions, cadences parfaites, demi-cadences, cadences rompues — elle est d’autant plus nécessaire à observer qu’elle peut fixer la valeur parfois conventionnelle et relative (légèrement variable d’une langue à l’autre) de la ponctuation littéraire.

3°. Abandon de la versification rimée et son remplacement par l’emploi d’une prose rythmée (vers métriques) suivant les rythmes du poème original. Il est évident que les inconvénients de la rime sont d’ordinaire plus considérables que ses avantages, surtout au point de vue de la fidélité au sens du texte et à l’exacte forme mélodique. Cette loi générale souffre peu d’exceptions, et ces exceptions ne sauraient exister lorsque le poème original n’est pas rimé, ce qui est le cas