Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/96

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ses difficultés extraordinaires, comportait des solutions approchées ; de plus, elles furent d’utiles moyens de vulgarisation. Aujourd’hui, les exigences du public éclairé se sont accrues : les adaptations, même ingénieuses, ne sauraient désormais lui suffire. Wagner dramaturge doit être connu tel qu’il est, non sous des aspects d’emprunt.

Avant d’aller plus loin, je m’excuse de ne pas publier ma traduction avec le texte musical, c’est-à-dire sous la seule forme pleinement intelligible et significative. Je le regrette d’autant plus que certains lecteurs, à première vue, la pourront croire difficile à chanter. Or, elle n’est faite que pour être chantée ; pas un seul passage ne s’y trouve, qui n’ait été essayé vingt fois au chant. A parler net, elle ne devrait pas être lue sans la musique. Si pourtant je la publie à l’état de texte littéraire isolé, malgré les inconvénients qui en résultent pour l’exacte appréciation de mon travail, c’est que je veux la soumettre au jugement du public compétent, soit qu’on prenne la peine de l’appliquer au texte musical, soit qu’on ait la musique assez présente à l’esprit pour constater à la lecture ses défauts ou ses mérites. Je serai très heureux des remarques qu’on voudra bien me faire, et qui vaudront sans doute à ma version plus d’un perfectionnement notable, avant sa publication sous la musique.

Je demande encore la permission de résumer le plus brièvement possible les étapes, pour ainsi parler, de cette nouvelle traduction, depuis que j’en eus l’idée première en 1884, après audition de l’Anneau du Nibelung à Munich. Elle fut commencée en vers rimés, forme que j’abandonnai vite, ayant avancé dans l’étude de la musique et des poèmes de Wagner, et particulièrement des rapports très variables qui existent entre les caractères du texte littéraire et ceux de la mélodie chantée, elle-même étroitement liée à la symphonie