Page:Wagner - L’Art et la Révolution, 1898, trad. Mesnil.djvu/49

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pouvait donc, et même devait rester dans le plus profond état d’abaissement inhumain, il ne devait exercer aucune activité vitale, car cette vie maudite était l’empire du diable, c’est-à-dire des sens, et par toute activité dans cette vie il aurait travaillé au protit du diable : c’est pourquoi le malheureux qui s’emparait de la vie avec une force joyeuse devait souffrir après la mort l’éternelle torture de l’enfer. L’on n’exigeait de l’homme que la Foi, c’est-à-dire l’aveu de son dénûment et le renoncement à tout effort persouuel pour s’arracher à ce dénûment, dont seule la Grâce imméritée de Dieu devait le délivrer.

L’historien ne sait point avec certitude si telle a été également la pensée de ce pauvre fils de charpentier galiléen, qui à la vue de la misère de ses semblables s’écriait qu’il était venu sur la terre pour apporter non la paix mais le glaive, tonnait avec une indignation pleine d’amour contre ces pharisiens hypocrites qui flattaient lâchement la puissance romaine, et d’autant plus cruellement comprimaient et enchaînaient le peuple, prêchait enfin l’universel amour de l’homme, amour dont il n’aurait point certes pu croire capables ceux qui devaient se mépriser eux-mêmes. Le penseur distingue plus nettement l’énorme zèle avec lequel Paul, le pharisien merveilleusement converti, suivait d’une maniè-