vivante, et seule absolue ? Voulons-nous, ou ne voulons nous pas comprendre, au bout du compte, qu’à l’Art seul, non pas à la science, il faut demander l’oubli de la vie par la représentation de la Vie ? car, si la vie nous fait souffrir, elle seule aussi nous intéresse ; et s’il est vrai que la pauvre science[1], – incapable de rien savoir, – peut seule fournir à l’Art les humbles éléments d’une miraculeuse transfiguration, il n’est pas moins certain que l’Art seul peut à son tour, comme le proclame Richard Wagner, se mettre à la place de la vie réelle, dissoudre cette réalité quotidienne dans une illusion, dans une illusion supérieure, grâce à laquelle ce soit la réalité même qui nous apparaisse illusoire ![2]
Voilà quelle est la question , dis-je : non pas spécialement musicale, non pas spécialement théâtrale, mais généralement artistique ; non de réduire à d’huileux problèmes de machinerie la représentation d’une Walküre ; non d’adapter Wagner au moule de nos guignols, où Wagner n’entrera qu’en le faisant éclater, sans utilité pour personne ! mais de réfléchir sur l’Art et sur ce qu’est notre art, d’y réfléchir avec sérieux ; et, – si nous répondons en notre âme et conscience à cette interrogation grave : « Voulons-nous, ou ne voulons-nous pas, un Art nouveau ? » si nous y répondons : « Oui ! Oui ! », si nous avons reconnu que Wagner en peut être le précurseur, l’initiateur ou l’instituteur, – alors, seulement alors, d’adapter nos guignols à cet Art de Richard Wagner, jamais l’Art de Richard Wagner à l’indignité de nos guignols.
Qui d’une piété semblable a cure ? Ah ! comme tous ont