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incessamment nourri ?[1] Ceci serait une leçon faite pour me rendre sage : je ne la paye pas trop d’un hochet.

WOTAN

Abandonnes-tu le Trésor ?

ALBERICH

Déliez-moi la main, j’ordonnerai qu’on l’apporte. (LOGE lui délivre la main droite, ALBERICH touche l’Anneau, des lèvres, et marmotte l’ordre.) Allons, je viens d’appeler ici les Nibelungen : je les entends, dociles au Maître, apporter au jour le Trésor enfoui dans les profondeurs. Délivrez-moi de ces liens odieux !

WOTAN

Pas avant que tout soit acquitté.

(Surgissent de la faille les NIBELUNGEN, chargés des bijoux du Trésor.)[2]

ALBERICH

Indigne ignominie ! ainsi garrotté, moi, à la vue de ces lâches esclaves ! – Apportez ! là ! comme je l’ordonne ! En tas, le Trésor, déposez tout ! Êtes-vous paralysés ? voulez-vous que je vous aide ? — Que nul ne lève les yeux ! — Vivement, là ! Vite ! Maintenant, déguerpissez d’ici : au travail, pour le Maitre ! aux mines ! Malheur à vous, si je vous trouve à flâner ! Sachez que je suis sur vos talons !

(Lorsqu’ils ont entassé le Trésor, les NIBELUNGEN, de nouveau, se glissent, craintivement, par la faille.)

  1. « Le nain cacha sous sa main un petit anneau d’or… demanda de pouvoir garder cet anneau, parce que, par son moyen, il pourrait de nouveau augmenter son trésor. » (Edda de Snorro.) L’Edda de Sæmund (Sigurdakvidha Fáfnisbana önnur) semble ignorer que l’anneau possède une telle vertu ; du moins n’en fait-elle pas une explicite mention.
  2. « Prenez garde », a dit Alberich un peu plus haut, « si, du fond des gouffres muets, l’or du Nibelung s’élève à la lumière du jour ! »