Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, trad. Louis-Pilate de Brinn’Gaubast et Edmond Barthélemy, Dentu, 1894.pdf/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ALBERICH

J’ai payé : laissez-moi partir ! Et, de grâce, rendez-moi le heaume, que Loge tient là !

LOGE, jetant le Tarnhelm sur le Trésor.

Le butin fait partie de l’amende[1].

ALBERICH

Voleur maudit ! – Mais soit, patience ! Qui m’a forgé l’ancien, peut en forger un autre : je détiens encore la puissance à laquelle Mime est asservi. N’importe, il est dur de laisser, à l’ennemi rusé, cette arme de rusc ! – Eh bien donc ! Alberich vous a tout laissé, tout : détachez ses liens, misérables !

LOGE, à WOTAN.

Es-tu satisfait ? Dois-je le détacher ?

WOTAN

Un Anneau d’Or brille à ton doigt[2] : entends-tu, Alfe ? il fait partie, tel est mon avis, du Trésor.

ALBERICH, épouvanté.

L’Anneau ?[3]

WOTAN

Pour ta rançon, il faut le laisser.

  1. « Rei, fordissimæ per se, adjecta indignitas est. Pondera ab Gallis allata iniqua, et, tribuno recusante, additus ab insolento Gallo ponderi gladius ; auditaque intoleranda Romanis rox : Vœ victis esse. » (Tite-Live, V, 48.)
  2. Wotan se verra dire la même chose, un peu plus loin, par les Géants ; et, dans le Crépuscule-des-Dieux, réclamant à Siegfried l’Anneau, les Filles-du-Rhin la répèteront, textuellement, en les mêmes termes. Qu’on veuille bien se reporter à ma note antérieure, sur la symétrie chez Wagner et dans les poèmes dramatiques des Grecs (p. 261, note 2).
  3. Voir ci-dessous la note (1) de la page 292.