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FAFNER

Il le faut l’ajouter à la rançon, pourtant.

WOTAN

Réclamez sans pudeur ce que vous voudrez : j’accorde tout ; mais l’Anneau, je ne l’abandonnerai pour rien au monde !

FASOLT, furieusement, tire FREYA de derrière le Trésor.

C’en est donc fait, rien n’est changé : Freya va nous suivre, à jamais !

FREYA

Au secours ! Au secours !

FRICKA

Impitoyable Dieu, cède ! cède !

FROH

N’épargne pas l’Or !

DONNER

Fais-leur donc aumône de l’Anneau !

WOTAN

Laissez-moi ! L’Anneau, non ! je ne le donne pas.

(FAFNER retient encore FASOLT, qui veut partir à l’instant même ; tous se tiennent debout, consternés ; WOTAN, avec colère, se détourne à l’écart. La scène s’est de nouveau assombrie ; de la faille rocheuse, latérale, surgit une bleuâtre lueur, dans laquelle ERDA, tout à coup, devient visible pour WOTAN : majestueuse et noble, émergeant à mi-corps, enveloppée des opulentes ondes d’une chevelure noire. )[1]

  1. A cette indication scénique, apparaît le motif de Erda, Déesse de la Terre. Ce thème, analogie tout à fait intéressante et profonde, – n’est autre que la Mélodie primitive réapparue, mais en mineur et dans la mesure en 4 temps (elle est, dans le Prélude, en 6/8) ; puis elle revient avec la forme majeure, comme dans le Prélude, mais toujours rythmée à 4 temps, à ces paroles de Erda : « J’ai trois filles dès l’Éternité conçues » jusqu’à celles-ci : « Mais cette fois quelque immense péril… »