Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, trad. Louis-Pilate de Brinn’Gaubast et Edmond Barthélemy, Dentu, 1894.pdf/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Crépuscule pour les Dieux ![1] Ecoute ma voix : rejette l’Anneau !

(Elle s’abîme lentement jusqu’à la poitrine, ce pendant que la lueur bleuâtre s’assombrit.)
WOTAN

Ton Verbe sonne à mes oreilles avec la sainteté du mystère : demeure, que j’en sache davantage !

ERDA, en s’évanouissant.

Ma prédiction t’en dit assez : médite-la dans l’angoisse ! rêves-y dans l’épouvante !

WOTAN

Dans l’angoisse, moi ? Dans l’épouvante ? – Il faut que je le saisisse, je veux savoir tout !

(Il veut se ruer dans la crevasse, pour retenir ERDA : DONNER, FROH et FRICKA se jettent au-devant de lui et le retiennent.)
FRICKA

Que veux-tu, Furieux ?

FROH

Arrête, Wotan ! La Généreuse, redoute-la ! Respecte son Verbe !

DONNER, aux Géants :

Hola, Géants ! rétrogradez, et attendez : l’Or, on vous le donne.

  1. »La savante Wola sait beaucoup de choses. Je vois dans l’éloignement les ténèbres se répandre sur les puissances, et leur dernier combat. » (Völuspa.) « Le soleil commence à s’obscurcir, la terre s’enfonce dans l’Océan, les brillantes étoiles disparaissent, la fumée s’élève en tourbillons, et les flammes jouent avec le ciel lui-même. » (Id.)