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Page:Wagner - Lettres à Auguste Rœckel, 1894, trad. Kufferath.djvu/43

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je suis autrement armé pour te répondre, ou plutôt, pour ne rien répondre, en somme, à tes objections, ce qui me semble être plus raisonnable, car tu as parfaitement raison de me critiquer, mais j’ai raison, moi, de faire l’œuvre et de l’achever comme je peux. Ainsi, je ne discuterai pas avec toi, mais nous allons cependant causer un peu de la chose ! Laisse-moi toutefois te dire avant tout, en ce qui regarde ma présente lettre, que tu m’as fait un cadeau qui m’a réjoui profondément en me donnant des nouvelles de toi et de ta santé. Je répéterai que, dans ta situation, tu me parais presque plus heureux que moi dans la mienne. Chaque ligne de ta lettre témoigne de l’excellence de ta santé, à propos de quoi je t’exprime ma joyeuse admiration! D’autre part, le fait que tu as été autorisé à m’écrire une lettre de cinq feuilles indique une amélioration de ta situation personnelle (I), qui me tient particulièrement à cœur, bien que je doive confesser que je m’imagine des circonstances dans lesquelles je renoncerais à tout allégement de l’existence sans éprouver le moindre regret au sujet de ce que j’abandonne. Au-dessus de tout, il n’y a qu’une chose : la liberté ! Seulement, qu’est-ce que la liberté? Est-ce, — comme le croient nos politiciens, — le libre arbitre? Oh! que non. La

(I) Roeckel avait sans doute annoncé à Wagner qu’on venait d’atténuer, à son égard, la sévérité du régime de la prison de Waldheim.