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Page:Wagner - Lettres à Auguste Rœckel, 1894, trad. Kufferath.djvu/52

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sant aux Allemands, s’écrier avec toute raison : « Vous ne savez rien de l’amour : comment pourraient-ils aimer, des hommes qui n’ont aucune initiative de caractère? C’est une impossibilité ! » — En somme, puisqu’il faut se contenter d’un pis-aller, je n’en puis trouver de meilleur que la conscience entière de l’état véritable des choses, que l’aveu loyal de la vérité, même si de cet aveu ne devait résulter pour nous aucun autre profit que la fierté de la conscience acquise, et la volonté, le désir d’indiquer à l’humanité le chemin de sa rédemption en lui révélant ces vérités. Ainsi, je l’accorde, nous nous adressons de nouveau à l’ensemble de l’humanité, mais seulement par nécessité, parce que nous savons qu’isolément nul ne peut être heureux et que chacun de nous ne se sentira pleinement satisfait que lorsqu’il saura tous les autres heureux. Tu vois que je me place ainsi entièrement à ton point de vue. Seulement, ce point de vue n’est pas pour moi le point final, il n’est qu’un moyen, un acheminement vers mon but : ce but, la plupart ne le reconnaissent pas encore : je viens cependant de le définir, c’est : rendre l’amour possible comme la plus entière révélation de la Réalité-Vérité ; l’amour, non pas idéal, abstrait, insensuel (le seul qui nous soit maintenant possible), mais l’amour du « Toi » et « Moi ». Aussi ne puis-je faire autrement que de considérer l’effort énorme de l’espèce humaine et, par conséquent, aussi toutes nos sciences