Page:Wagner - Lettres à Auguste Rœckel, 1894, trad. Kufferath.djvu/53

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comme un moyen et un acheminement dont le but, au fond, est ce résultat si simple et cependant si divin. Je respecte chacun de ces efforts, je reconnais que chaque pas répond à une nécessité : mais moi-même j’ai ce simple but si clairement devant les yeux qu’il m’est impossible d’en arracher de nouveau mon regard pour prendre encore part à la lutte (au fond inconsciente de son but) : la détresse d’un grand mouvement pourrait seule me conduire à cette abnégation de moi-même ; et je la saluerais avec joie, si elle se produisait, comme la seule rédemption pour moi. Pourras-tu m’en vouloir, après cela, si j’accueille avec un sourire le conseil que tu me donnes de me détourner de mes rêveries et de mes divagations égoïstes, pour me consacrer à la réalité, à la vie véritable et à ses aspirations ? Je crois, au contraire, que je m’y consacre d une façon bien plus décisive, plus consciente, plus directe en employant tous mes efforts, même les plus douloureux, à la conquête et à la manifestation du principe énoncé plus haut. Toi-même, tu devras me donner raison, lorsque je me refuse à reconnaître sans réserve à Robespierre la signification tragique qu’il a eue jusqu’ici pour toi. Ce type m’est antipathique au plus haut point, parce que, dans les individualités constituées comme la sienne, je ne puis découvrir même le soupçon des aspirations de l’humanité depuis qu’elle s’est éloignée de la nature. Le tragique chez Robespierre, c’est