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Page:Wagner - Lettres à Auguste Rœckel, 1894, trad. Kufferath.djvu/55

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le Désir d’être enveloppé par le sentiment, ce Désir que la moderne réalité ne peut encore satisfaire. Sur tout cela, au demeurant, je me suis étendu assez longuement dans ma préface. Il me resterait seulement à terminer ce qu’à mon point de vue, je dois considérer comme indispensable pour me rapprocher et rapprocher les autres de ce but reconnu de l’humanité, — but qu’il m’est personnellement interdit d’atteindre parce qu’il est encore interdit à tous, — et cela sans recourir aux moyens dont je n’ai plus le pouvoir de me servir. C’est à cela que mon art doit m’aider ; et l’œuvre d’art que j’ai dû concevoir dans ce but, c’est mon poème des Nibelungen. Je suis tenté de croire que c’est moins l’absence de clarté du poème dans sa forme actuelle que le point de vue assez éloigné du mien où tu t’es placé qui fait que certains points sont demeurés pour toi incompréhensibles. De pareilles erreurs ne sont, en effet, possibles que de la part d’un lecteur qui crée lui-même en lisant, qui ajoute quelque chose de son propre fond : tandis que le lecteur ou l’auditeur naïf, il est vrai sans conscience bien assurée, comprend plus aisément la chose telle qu’elle est. Pour moi, mon poème veut dire ceci : Représentation de la réalité analysée plus haut. Au lieu des mots : « Un jour sombre approche des dieux ; dans la détresse là-bas s’éteindra ta race, si tu ne quittes pas l’anneau ! »