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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/52

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— XLIV —

abstraite ; aussi, m’exposais-je par là à une obscurité inévitable et même à de graves malentendus. Je voudrais donc éviter à tout prix, comme je vous l’ai déclaré, de recourir à un procédé de ce genre pour vous faire entendre mes idées. Je n’ignore pas cependant combien il y a d’inconvénient à parler d’une forme sans en déterminer la substance d’aucune manière. Je vous l’ai avoué au début : l’invitation que vous m’avez adressée de vous donner en même temps une traduction de mes poëmes d’opéra était la seule chose qui pût me décider à essayer de vous fournir des éclaircissements réels sur la marche de mes idées, autant du moins que j’ai pu me l’expliquer. Laissez-moi donc vous dire encore quelques mots de ces poëmes ; je serai, j’espère, plus à l’aise pour vous parler ensuite de la forme musicale qui importe tant ici, et sur laquelle il s’est répandu tant de fausses idées.

Je dois vous prier, avant tout, de me pardonner, si je ne puis vous offrir de ces poëmes qu’une traduction en prose. Les difficultés infinies qu’il a fallu surmonter dans la traduction en vers du Tannhæuser, avec lequel le public parisien va faire prochainement connaissance par une exécution scénique complète, ont prouvé que des travaux de ce genre exigeaient un temps qui ne pouvait cette fois être consacré à la traduction de mes autres pièces. Sans doute, ces poëmes, présentés sous une forme poétique, feraient sur vous une autre impression ; mais c’est chose que je dois négliger ici : il faut me contenter de vous signaler le caractère des sujets, leur tendance, le mode dramatique dans lequel ils sont traités. Cela va vous mettre à même de comprendre quelle part l’esprit