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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/53

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— XLV —

de la musique a eue à la conception et à l’exécution de ces travaux. Puisse cette traduction vous suffire ! Elle n’a d’autre prétention que de rendre le texte avec toute l’exactitude littérale qu’une traduction comporte.

Les trois premiers de ces poèmes : le Vaisseau Fantôme, Tannhœuser et Lohengrin étaient, avant la composition de mes écrits théoriques, complètement achevés, vers et musique, et avaient même, à l’exception de Lohengrin, été déjà représentés. Je pourrais donc, si les sujets me permettaient de le faire d’une manière complète, vous tracer, au moyen de ces poèmes, la marche des idées qui présidèrent à mes travaux successifs, jusqu’au point où je dus chercher à me rendre théoriquement compte de mon procédé. Cette observation n’a d’autre but que de vous faire toucher du doigt la profonde erreur de ceux qui croiraient devoir m’attribuer dans ces trois ouvrages la pensée préconçue d’appliquer les règles abstraites que je m’étais faites. Permettez-moi de vous dire qu’au contraire mes conclusions les plus hardies, relativement au drame musical dont je concevais la possibilité, se sont imposées à moi parce que, dès cette époque, je portais dans ma tête le plan de mon grand drame des Nibelungen, dont j’avais même déjà écrit le poème en partie ; et il avait dès lors revêtu dans ma pensée une forme telle, que ma théorie n’était guère autre chose qu’une expression abstraite de ce qui s’était développé en moi comme production spontanée. Mon système, proprement dit, si l’on veut à toute force se servir de ce mot, ne reçoit donc encore dans ces trois premiers poèmes qu’une application fort restreinte.