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Page:Wagner - Quatre Poèmes d’opéras, 1861.djvu/69

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— LXI —

représentée dans notre ballet d’une façon satisfaisante, c’est ce que vous me dispenserez, j’espère, de démontrer. Le ballet est le très-digne frère de l’opéra, il est du même âge, il est né du même principe défectueux ; aussi les voyons-nous tous deux, comme pour cacher réciproquement leurs faiblesses, aller ensemble et du même pas.

Un programme est plutôt fait pour faire naître la question du « Pourquoi ? » que pour la satisfaire ; ce n’est donc pas un programme qui peut exprimer le sens de la symphonie ; ce ne peut être qu’une action dramatique représentée sur la scène.

C’est là une assertion dont j’ai donné plus haut les raisons ; il ne me reste en ce moment qu’à indiquer comment la forme mélodique peut être élargie, vivifiée, quelle influence enfin peut être exercée sur elle par un poëme qui y répond parfaitement. Le poëte, qui a le sentiment de l’inépuisable pouvoir d’expression de la mélodie symphonique, se verra conduit à étendre son domaine, à s’approcher des nuances infiniment profondes et délicates de cette mélodie qui donne à son expression, au moyen d’une seule modulation harmonique, la plus pénétrante énergie. La forme étroite de la mélodie d’opéra, qui s’imposait à lui autrefois, ne le réduira plus à donner, pour tout travail, un canevas sec et vide ; au contraire, il apprendra du musicien un secret qui reste caché au musicien lui-même, c’est que la mélodie est susceptible d’un développement infiniment plus riche que la symphonie elle-même n’a pu jusqu’ici lui permettre de le concevoir ; et, porté par ce pressenti-