Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans notre demeure, disparut. L’observation de l’ordre de la maison, des heures fixes et de toutes les habitudes concernant la vie de famille, que mon mari exigeait, quels que fussent ses égards pour celui qui était son hôte, me donna un point d’appui dont tous bénéficièrent. Au contact de l’homme indépendant, ne relevant que de lui-même, qui apportait des nouvelles du monde et de la vie, Wagner se sentit tout autre que pendant sa réclusion. La sympathie que les hommes se témoignent entre eux, se traduit bien moins par la manifestation des sentiments, que par l’examen des partis à prendre pour arriver au but. Wagner alla voir ses amis de Zurich, on parla même d’une joyeuse réunion à Mariafeld. C’était comme si une vie nouvelle jaillissait dans le désert qu’avait fait l’hiver ; nous nous tenions de nouveau sur la vérandah, sous le dôme léger du feuillage naissant. Quelque chose d’heureux avait dû poindre, qui disposait à la joie notre hôte bien-aimé : quoi que ce fût, je m’en réjouissais ; ce n’étaient pas seulement les parents, c’étaient encore les adolescents, comme il les appelait, qui étaient les bienvenus auprès de Wagner. « Précipitons-nous dans les abîmes de la sensualité », disait-il comme au bon temps, quand Herwegh et quelques autres amis étaient réunis avec lui à notre