il n’y avait ni joie ni repos. Le pauvre Bulow nous est arrivé au commencement de juillet dans le plus complet état d’épuisement, avec des nerfs surmenés et exaspérés ; il n’a eu que du mauvais temps, donc a fait un séjour malsain et est tombé d’une maladie dans l’autre. Ajoutez à cela un mariage tragique, une jeune femme douée d’une façon rare, inouïe, le merveilleux pendant de Liszt, seulement supérieure à lui au point de vue intellectuel. —
Si, m’en tenant à la surface, il m’était possible de me réserver la part d’agrément qui pourrait me venir des circonstances et des choses ! Mais je ne suis pas fait ainsi ; je suis assez fou pour tout prendre au sérieux. Le plus important était d’arracher Bulow à son affolant surmenage artistique et de lui fournir un plus noble champ de travail.
Il n’a pas été difficile de décider le jeune roi — et, d’autre part, la chose était importante pour lui — à nommer Bulow son pianiste particulier. J’espère donc avoir sous peu les Bulow chez moi et pour toujours. Je leur ai démontré à tous deux qu’il n’est qu’un moyen de salut pour nous tous : travailler en commun au grand Art, créer, agir. — Ce serait alors une nécessité de plus pour persévérer et lutter, en dépit des écœurements du dégoût de la vie. — Vous voyez que je ne prends rien légèrement. Pas même un cas comme la mort de Lassalle : le malheureux était chez moi (par Bulow) justement quinze jours avant sa mort, pour me supplier d’intervenir auprès du roi de Bavière contre son ambassadeur en Suisse, Dönniges (il faut savoir que je passe pour le favori tout-puissant : l’autre jour les parents d’une